Blooming : origines et destination !
Le site « Les Clés de la Transition » revient sur les origines de Blooming, ses objectifs et les solutions qu’elle offre aux entreprises pour les accompagner dans la réduction de leurs impacts sur la biodiversité et la valorisation de leurs actions. Merci pour cette mise en lumière.
Article complet ci-dessous, et disponible directement sur le site Les Clés de la Transition.
SUR LA TRACE DE VOTRE EMPREINTE BIODIVERSITÉ
Après un parcours professionnel dans le développement des énergies renouvelables, jalonné de prises de conscience sur les impacts environnementaux de l’activité humaine, Kevin Mozas a décidé de créer Blooming. Il accompagne les entreprises dans l’amélioration de leur empreinte biodiversité : une démarche aujourd’hui volontaire, demain règlementaire, dont il explique les enjeux et les options concrètes. PAR FRANCK TURLAN – JUIN 2021
Vous connaissez la tonne équivalent carbone ; vous connaîtrez bientôt l’abondance moyenne des espèces au km² (ou MSA/km²). La première sert à mesurer l’impact d’une activité sur le dérèglement climatique ; la seconde à déterminer son empreinte sur la biodiversité. Kevin Mozas en a fait un des objets de sa jeune entreprise, Blooming. « Le MSA/km² est un calcul sur l’intégrité écologique ramenée au km², avec pour principe qu’on est à 100 % d’intégrité dans un milieu naturel vierge non perturbée et 0 % sur un parking goudronné », résume-t-il.
Après une formation d’ingénieur, Kevin Mozas a travaillé durant près de 20 ans dans les énergies renouvelables, à la fondation Énergies pour le monde, puis chez des développeurs de projets ou de technologies. C’est au détour d’une formation en apiculture, son autre centre d’intérêt, qu’il a vraiment pris conscience de l’ampleur du problème : « je me suis rendu compte de l’impact de la vie économique sur la biodiversité et de l’interdépendance avec la question du climat, qui monopolise l’attention. Or il faut traiter les deux sujets conjointement, sans attendre ».
Avec Matthieu Colléter, il a créé la société Blooming dans le but d’accompagner entreprises et institutions dans l’amélioration de leur empreinte biodiversité. Cette démarche est engagée par des pionniers, sur la base du volontariat, car il n’existe pas encore de règles contraignantes. « Agir sur la biodiversité est aujourd’hui un outil de différenciation et d’attractivité vis-à-vis d’investisseurs, plaide Kevin Mozas. Demain, le calcul d’empreinte biodiversité sera généralisé et sera encadré réglementairement ».
Les indicateurs sont enfin là pour quantifier un phénomène « complexe, diffus, avec énormément de données chiffrées difficiles à agréger ». Il y a notamment le Global Biodiversity Score développé par la Caisse des dépôts, dont une première version est opérationnelle depuis mai 2020 pour les entreprises et les institutions. Cet outil est destiné aux grandes entreprises, « qui ont suffisamment de données pour que ce travail ait du sens ; un CA de plus de 10 M€, ou sur un critère d’occupation foncière : plus de 100 ha. Le changement de l’usage des sols représente l’impact n°1, donc le secteur de l’agro-alimentaire est très concerné ». Cette étude est menée durant 3 à 6 mois, son coût est variable selon les profils, puis il faut compter quelques milliers d’euros pour l’actualisation et le suivi d’une feuille de route.
Semences sauvages et abeille noire
Pour des structures plus petites qui veulent aussi agir, il existe l’initiative Entreprise engagée pour la nature, mise en place par l’Office française de la biodiversité : derrière la signature d’une charte, l’entreprise établit un plan d’action avec au moins deux actions menées sur une année, dont une sur son cœur de métier. « A minima, il faut un diagnostic, qui coûte quelques milliers d’euros. Si on veut aller vers un label, il y a le Biodiversity Progress du Bureau Veritas, dont nous proposons l’accompagnement. Là il faut compter 7 à 8 mois de mise en place et 1 000.€/an pour le renouveler. »
Derrière les études, il y a les actions concrètes… Avec son entreprise Blooming, Kevin Mozas propose des actions de sensibilisation des salariés, mais aussi des aménagements, comme la végétalisation des extérieurs : « on recrée des habitats qui sont des refuges de biodiversité, avec des semences locales collectées en milieu sauvage, avec une attention particulière à leur diversité génétique ; des plantes qui sont aussi une ressource alimentaire pour les oiseaux et les pollinisateurs. En tant que contractant, on s’occupe de tout, de A à Z : depuis le travail avec un naturaliste jusqu’à la plantation avec un pépiniériste. » Une de ses actions porte notamment sur la réintroduction de l’abeille noire, endémique de l’Europe de l’Ouest : l’Apis mellifera mellifera. « Elle vit depuis un million d’années ici. Elle a traversé deux glaciations et représente un patrimoine génétique unique, mais elle a presque disparu en 30 ans à cause de l’hybridation : les apiculteurs ont dû acheter d’autres espèces pour essayer de contrer la mortalité entraînée par les néonicotinoïdes et le varroa [un parasite de l’abeille, ndlr]. L’abeille noire est plus rustique et elle est la plus à même de s’adapter au changement climatique », dit Kevin Mozas, qui vient d’installer trois ruches sur le terrain d’une entreprise à proximité de Montpellier. Une action qu’il suit personnellement, avec son autre casquette d’apiculteur : « la tête dans le PC mais les mains dans la ruche, ça me permet de garder une relation réelle et concrète avec le vivant ».